7 déc. 2018

Etre ou ne pas être un gilet jaune ?

Réflexion sans se casser le cul à faire trop de recherche

Il est 3h30 du matin, ce vendredi, la veille du 8 décembre. Après 3 semaines de contestation, de protestation, d'agitation, le pouvoir a plié pour une première fois sous la pression de la violence des "jacqueries" et des forces de l'ordre.
La pression des "Jacqueries" en référence à la province, à la campagne, qui monte en ville pour en découdre, parce qu'ils sont en révolte.
De l'autre, la pression des forces de l'ordre, qui représente le rempart civil des institutions de la République. Et en tant que tel, ils disposent d'une voix écoutée et forcément prépondérante dans la suite des événements.
Pourquoi en sommes nous là, à cette situation de blocage, de révolte, d'insurrection ? Les causes profondes sont forcément nombreuses et disparates en fonction de son âge, de sa classe sociale, de son histoires personnelles. Ce mouvement est tout de même, à mes yeux, un mouvement de la province, des campagnes. Pour le délimiter, je dirais qu'il s'agit d'un mouvement des gens où l'immobilier stagne depuis des années. Où les centres villes sont délaissés au profit des centres commerciaux, où la désertification médicale se poursuit, où la voiture est indispensable.
Le déclencheur s'est la taxe sur l'essence. La source politique des violences, je la remonte à 2016, avec l'écrasement par les forces de l'ordre du mouvement des jeunes étudiants, l'écrasement des manifestations contre la loi travail, et le passage en force à tous les niveaux par le premier ministre Vals. En poursuivant une posture politique assez similaire, le Président qui s'est exposé, et son premier ministre, ont maintenu cet état de dénigrement des classes populaires. La gauche politique a pris une balayette aux élections, les successeurs, de part leurs postures, risquent de prendre le coup de massue. L'erreur, à mes yeux, s'est l'imposition de ses vues par l'usage répété de la force publique, et par voie de conséquence, la mise en lumière de la confrontation physique. Il n'y a que trop peu de négociations, et trop peu de lumière sur la négociation avec les partenaires sociaux. Ce point est important, on ne devrait pas fermer la porte d'une réunion qui va décider de la suite d'un mouvement social car derrière cette porte il y a la démocratie, et aujourd'hui, dans cette société de l'ouïe et du visuel, nous avons besoin de croire en la Démocratie.
Seulement demain, malgré un premier geste du pouvoir, on risque d'assister à une extension de ce mouvement. J'ai regardé les images et les vidéos des étudiants de mantes la jolie agenouillés en rang, les mains sur la tête, parfois le visage contre le mur. Ces images, qui ne disent rien du contexte, sont choquantes. Et à moins d'une maladresse des forces de l'ordre ou du devoir de vérité de son auteur, ces images vont tourner en boucle sur les réseaux sociaux, et la conscience de classe, à la fois méprisée et dégradée publiquement par les forces de l'ordre, devrait se cristalliser assez rapidement. A moins d'un pshit général, la banlieue, qui n'a pas été aux avant postes ( les gardes à vues à Paris, majoritairement des provinciaux), risquent fortement de prendre part à ce combat.
Des combattants de classes sociales, des combattants du pouvoir, la tournure n'est pas engageante pour l'avenir.

Alors, à la question ; être ou ne pas être gilet jaune ?

En ce moment, j'ai cette phrase de mark Twain qui me trotte en tête :
"à chaque fois que vous vous trouvez du côté de la majorité, il est temps de faire une pause et de réfléchir."

Partisan je suis, défenseur des minorités, je resterai.



Le 07/12/2018