Il est 3h du matin, je me réveille tout en gambergeant sur la récente loi débattue au parlement par les députés, il s'agit de l'article 24, qui encadre la diffusion d'images des forces de l'ordre. Cette loi, existerait déjà et on a envie de dire, quoi de plus normal, à savoir la pénalisation de toute image qui met en danger les forces de l'ordre. Mais alors pourquoi autant de tapage médiatique, et de levée de bouclier ?
Alors qu'est ce qui va pas avec cette loi ? Je dirais que la seule différence réside sur la diffusion. Or, le temps où l'Etat contrôlé la diffusion est révolue depuis la libéralisation de la radio, du petit écran, des journaux...
La véritable question n'est pas comment protéger les forces de l'ordre ? Je le répète, cette loi existe déjà ce n'est pas un scoop. La véritable question me semble plutôt être ;
Comment l'Etat français peut-il instaurer un contrôle/régulation de la diffusion sur le réseau mondial internet ?
Dans la mesure où je ne suis pas là pour m'amuser à faire le tour de la question, allons à l'essentiel, surtout que je n'ai pas envie d'y passer toute ma nuit.
Donc, allons à l'essentiel, puisque demain on risque de ne pas pouvoir le voir, ni peut être même le dire ; Est ce que steeve tu as vu des images qui mettent les forces de l'ordre dans une situation où l'intégrité physique des personnes qui exercent cette fonction pourrait être en danger ?
Bah oui, et en grand nombre, il suffit de regardez les vidéos sur les manifestations étudiantes, les gilets jaunes. Les écarts avec l'ordre républicain sont parfois nombreux. En 2016, Des jeunes non violent en siting gazés à bout portant, des jeunes mis à genoux comme la guerre! , les trop nombreux témoignages de jeunes qui se sont vu foutre un doigt dans le cul, les gilets jaunes éborgnés... Evidemment, il y a des images qui témoignent de ce que l'Etat refuse de voir. Or, la liberté d'expression et on pourrait dire de diffusion, sert à percer les abcès et les rancœurs. Cependant, on dévie un peu du sujet, car le sujet est l'atteinte à l'intégrité physique du représentant de l'ordre publique et non l'atteinte aux citoyens de ce pays. Nous pouvons facilement nous tromper de curseur.
Donc, est ce que ces images et vidéos portent atteintes à l'intégrité physique du fonctionnaire ? Evidemment, de mon point de vue, je vais dire non, par mon éducation, mon vécue, ma façon de voir les choses, je vois que des représentants de l'ordre. Certes des hommes et des femmes qui sont parfois obligés de se dépatouiller de situations complexes, incohérentes etc, mais l'habit, dans le cas présent, fait le fonctionnaire.
Cependant, cela m'apparaît essentiel, il faut bien lire "éducation". Car finalement, si on en arrive là aujourd'hui, un professeur décapité, des fonctionnaires probablement inquiets, parfois même apeurés, c'est que cette loi n'est pas là par hasard, elle est le signe d'un malaise profond qui traverse la fonction publique. La fonction publique n'attire plus, le nombre de candidats à tenter d'y entrer dans un pays à fort chômage réduit d'année en année). C'est la désintégration sociale qui est notre malheur national, toutes ces lois, toutes ces belles paroles n'ont aucun sens dans un pays segmenté, clivé, fort d'une extrême diversité sociologique. S'il n'y a pas l'essentiel, l'éducation, pour tenir cet ensemble, alors des lois comme ça il en faudra des milliers, voir même, des centaines de milliers, car au final, nous sommes tous coupables d'exister.
Bon ça y est, j'suis fatigué d'écrire, on va bosser un peu maintenant, refaire couler le café, etc.
Le 19/11/2020
Cette fois, il est plus raisonnablement 6h30, j'ai plein de papiers à faire et quelques part je commence un peu tardivement. Mais bon, rentrée hier à 19h30 aussi...
Bref, pour faire vite sur cet article 24 qui me turlupine un peu l'esprit. La véritable question devrait être, suis je l'égal d'un officier de police ? De toute évidence, non, je ne le suis pas, à chacun son mêtier. Sur le plan de la citoyenneté et de la protection du citoyen, normalement, oui, on est un ensemble qui forme la Nation. Cependant, juridiquement, et dans les faits, je suis, au regard de l'IGPN qui n'a rien de structurellement neutre dans ses jugements, inférieur en droit à la gente de l'ordre publique.
Bon, une fois à la retraite, c'est sûr, on sera les mêmes, avec nos problèmes de santé, etc.
Pourquoi une telle question et globalement une analyse de caste ? Car cela fait 20 ans, au moins, que nous connaissons un continuum politico sécuritaire, avec vers 2003/4 un immense fake médiatique sur l'insécurité. Or, en 2020, je pense que l'insécurité est autrement plus réelle que celle des années 2000. Et qu'aujourd'hui, un enseignant s'est fait tuer pour avoir enseigner ( en bien, en mal ou quoi que cela soit, on s'en fout, c'est la démesure qui est à la fois hallucinante et bien réelle). Quelque part, nous, de simples citoyens pouvons être désignées sans le moindre procès comme coupables, jugés et, comble de l’ignominie, tuer. C'est arbitraire, cela ne date pas d'hier, et c'est la raison pour laquelle on a établit des règles et des lois de bonne conduite en société. Sommes nous, pour autant, tous égaux devant nos lois?
C'est un idéal, on devrait tendre à l'être, suivant nos convictions républicaines.
Mais allons droit au but,
Je vais me permettre une analyse assez simple, nous avons d'une part un pouvoir concentré dans les grandes métropoles de ce pays, avec le maintien de l'ordre qui l'accompagne et les organes de communication assujettis ou non au pouvoir décisionnel (politique, privé, etc.). Nous avons une tendance générale depuis au moins vingt ans à la surenchère sécuritaire. Justifier ou non, là n'est pas la question, ni le débat. Cette tendance a surtout entraîné l'émergence dans les centres de pouvoirs de lobby sécuritaire, notamment les syndicats de police, qui je le pense, de part leur situation de proximité avec le pouvoir ont peut-être, quelques part, tellement bien travaillé, qu'ils en ont pris la tour de l'intérieur. Car finalement, les ministres valsent au gré de leur bon vouloir, et ce, depuis déjà quelques années.
Alors quel est le rapport avec l'article 24, car il est tard, je suis en retard et je m'attarde, bref... Quand une nation possède la bombe atomique pour se défendre, envoie des troupes à l'étranger pour protéger des intérêts ou des libertés, mais que cette même nation est incapable de prévoir pour son peuple une stratégie de défense face à une menace prévisible, la pandémie, car l'absence de masques au premier confinement est un fait, il démontre le peu de considération de l'Etat pour nous. Donc, on est en droit de poser la question suivante ; " Pour qui gouvernent ils?"
Alors, en pleine pandémie et en période de privation de liberté, l'Etat plaide pour accroître la distinction entre les forces de l'ordre et le peuple. Est ce le moment? Pourquoi les services de police ont ils autant de mal à recruter ? Pourquoi y a t il autant de peine, finalement de tristesse dans ce corps de la fonction publique? Alors qu'ils ont probablement les syndicats les plus puissants de France. Est ce à nous, peuple, d'être privé du droit d'informer nous autres, des dérives sécuritaires ou est ce à eux de trouver les raisons des malaises qui entourent cette fonction publique? L'article 24 concerne l'encadrement de la diffusion d'informations relatives aux forces de l'ordre, et l'Etat le justifie en arguant de protéger leur sphère privé.
Mais voilà, je le dis, et la notre? Sommes nous si différents? Car si tel est le cas, alors je me trompe lourdement sur l'idée de "vivre ensemble en démocratie"
L'Etat veut établir une différence de traitement, et par voie de conséquence, établir un premier pas vers l'établissement d'une caste, d'un ordre, d'une monarchie par le bas... Conclusion troublante, voir ridicule, et pourtant, à bien y réfléchir, cette loi est très clairement, à mes yeux, aujourd'hui, anticonstitutionnelle.
Et oui, pourquoi moi, simple citoyen de la nation, ne serais-je pas aussi bien protéger qu'un policier au regard de la diffusion qui serait faite de ma personne et de mes informations personnelles sur les réseaux sociaux ? N'ayant pas l'uniforme, ni de carte, je n'ai pas droit à une protection ? Peut-être comme une assurance, je ne suis assuré qu'au tiers...
Merci de votre compréhension
Le 24/11/2020
Je pensais passer à autre chose, mais, ce sujet est cruellement trop essentiel à mon avenir et à celui de mes enfants pour faire l'impasse.
Evidemment, comme des dizaines de millions de français et d'étrangers dans le monde entier, j'ai vu la vidéo du type qui se fait tabasser chez lui pour ne pas avoir de masque... Une énième bavure, comme cela devient trop trop trop courant. Et disons le, c'est forcément, que la partie haute de l'iceberg parce qu'il n'y a pas des caméras partout. C'est la démonstration que l'article 24 est une vaste connerie, nous, citoyens (nes), n'aurions pas le droit de montrer l’intolérable au nom de la justice, de la liberté, de la dignité humaine ? Allez, faisons vite, parce que ce problème de violences et de délinquance policière, n'est pas nouveau, il s'est peut-être amplifié avec la violence des manifestations au cours des dix dernières années et de la culture sécuritaire des 20 dernières années. Le fonctionnaire de police m'apparaît être représenté dans l'imaginaire collectif comme "un être qui fait peur". Cette imaginaire est véhiculé par le discours quotidien, média, patient, client, famille, etc. Dans une société qui est de plus en plus policée, l'utilisation de cette image pour justifier toute prise de décision politique ne doit pas être sans impact sur l'imaginaire collectif et sur l'identification à cette idée du "monstre".
Steeve, tu vas loin là, faut te suivre...
Et pourtant, dans notre pays, la désintégration sociale grignote toujours un peu plus, petit à petit, le ciment national. L'imaginaire collectif a peur du fonctionnaire et le fonctionnaire qui est un homme ou une femme comme tout le monde doit probablement ressentir cette peur chez l'autre. Et comme un "chien" qui ressent la peur d'autrui, il grogne ou se méfie. C'est peut-être bien pendant les heures de boulots, mais dans le vie de tous les jours, cela doit engendrer des rapports familiaux et sociaux complexes. Et du coup, un recroquevillement sur son corps de mêtier, où le fonctionnaire est, peut-être, je le suppose, plus à l'aise dans ses rapports sociaux, mais aussi, peut-être, plus enclin à entrer dans un effet de groupe (et les dérives qui peuvent s'y produire), ainsi que de rentrer dans un rapport conflictuel avec l'extérieur.
Or, et le déséquilibre réside dans la protection. Le fonctionnaire devrait être notre protecteur et non l'objet d'une peur. Finalement, lorsque l'Etat et les puissants ne négocient pas avec le peuple et le prive de la diffusion de son expression, qu'il emploie la manière forte comme pour les étudiants et les gilets jaunes, qu'il utilise à de multiples reprises la violence, alors l'Etat déplace le curseur de l'imagerie collective (peur/protection) vers la peur du fonctionnaire. Et ce dernier, dans un effet de groupe, qui peut devenir "hors sol", va se protéger de ce peuple méfiant par instinct.
Conclusion : il y aura toujours des gens violents, mais la violence de groupe est un autre phénomène. Et je pense qu'actuellement, vu le nombre d'affaires mettant en cause des groupes de policiers dans des violences ou délinquances, on est dans un problème beaucoup plus complexe que l'idée selon laquelle ce n'est que le fait de quelques "brebis galeuses". A moyen et long terme, je dirais qu'il faut réussir à imposer des quotas de diversité dans les rangs de la police, réduire l'influence des syndicats sur le ministère de l'intérieur. A court terme, je dirais qu'il faut restituer la gendarmerie au ministère de la défense, l'effet double, on y voit trouble, s'était peut-être mieux comme ça. Ensuite, il faut d'urgence réussir à déplacer le curseur vers protection, mais aussi créer du lien social entre ce corps de métier et le peuple, et sur ce point, il faut du génie artistique. D'ailleurs, la cinématographie française ne remplit pas assez bien ce rôle, elle doit également ce remettre en question, voir questionner ce problème pour amener du lien. Après, on a tous des histoires de "keuf", on en rigole, et le rire, s'est un formidable antidote, des court métrages bien fait, rigolos, avec des jeunes, des anciens, etc. Bref, faut trouver les gens qui feront le miracle dont a besoin la société, parce qu'aujourd'hui, ce qui s'y passe est inquiétant.
Le 28 novembre 2020
Dimanche, j'arrive à me lever à un horaire raisonnable. J'étais passé à d'autres intérêts, mais ce matin, une pensée à accompagner mon éveil ; "la formation des policiers". Hier, on m'a dit qu'ils avaient 3 mois de formation? L'info m'a semblé tellement surprenante, je me devais de la vérifier. En faite, j'ai relevé 5 mois de formation et 3 semaines de stages pour un policier, contre 10 mois en internat et 4 semaines de stage pour un gendarme. Je ne suis pas fan de l'allongement démesuré des études pour atteindre un métier, tendance actuelle, parfois absurde. Cependant, je m'attendais à mieux, au moins 1 an d'étude minimum, on parle d'un métier qui va fournir une arme à feu... le déficit de formation est évident, c'est probablement la première cause de dysfonctionnement de ce service de l'Etat.
Du coup, parlons salaire, à priori, si j'ai bien lu car là j'hallucine un peu...
Avec le bac et 5 mois de formation, un gardien de la paix peut prétendre minimum en début de carrière à 1965e net de rémunération.
Avec le bac et 10 mois de formation, un gendarme sous-officier peut prétendre à 1453e net
Et par comparaison, avec le bac et 5 ans d'étude supérieure, l'enseignant du secondaire peut prétendre à 1550e net en début de carrière.
Je n'ai peut-être pas trouvé les bons chiffres pour le gardien de la paix, mais bon, on reste dans l'évidence. Les syndicats de police ont un tel pouvoir politique dans ce pays, qu'ils ont réussi à faire de leur branche professionnelle, l'une des plus rémunératrices en rapport durée de formation/rémunération.
Bon dimanche, parce que là, ça m'énerve.
(erratum : la formation d'un policier avait été réduite de 8 mois, elle passera désormais à 12 mois à partir de 2022)
le 13 décembre 2020