Un EPR et une France précaire
C'est dimanche, il est tôt, temps de pluie, mal dormi. Le chef de l'Etat veut un nouveau réacteur nucléaire type EPR. C'est le truc qu'on est toujours pas capable de faire. Bon, un EPR s'est assez peu finalement. J'ai pas fait le calcul mais un EPR doit remplacer au moins 2/3 centrales actuelles. On a 56 centrales en activité. D'un point de vue technique cela semble être essentiel pour à la fois maintenir un niveau d'expérience et donc de compétence. Ce qui a fait défaut au cours des dernières décennies où l'argent a été privilégié au détriment de l'expérience humaine, résultat de cette gestion humaine désastreuse, un coût très très très élevé.
Facture :
Initialement 4 milliards d'euros en 2005
En 2020, surcoût évalué par la cour des comptes à 19,1 milliards euros
Donc, si j'ai bien compris 23 milliards d'euros soit deux années de RSA pour deux millions de personnes.
Et pendant que les milliards sont distribués, des tas de gens voient leur ressources RSA, chômage, caf, conditionnés, parfois coupés de leurs droits sur des critères litigieux électoralistes. Sauf qu'il s 'agit de pauvreté, de familles, parfois d'enfants sans l'essentiel, le minimum pour vivre. Du travail, il y en a, s'est vrai, mais il est le plus souvent qualifié.
Dans le rapport d'activité du secours populaire, il est clairement établi que " les personnes sans ressources sont majoritairement des personnes n'ayant pas fait valoir leurs droits ou qui n'arrivent pas à les obtenir ". Un chiffre histoire de comparer, l'aide alimentaire du secours populaire s'est une valeur de 3 millions d'euros de dons et d'achats de denrées en 2020 pour un peu moins de 2 millions de repas. Comparés aux milliards distribués içi et là, c'est finalement assez peu pour un besoin vital.
Ce rapport est très intéressant, il révèle que la moyenne d'âge des personnes aidés est de 26 ans, les jeunes actifs ont pris de plein fouet cette crise, cela montre que lorsque l'entourage familiale est défaillant, la jeunesse subit la pression, l'oppression du système économique.
Par ailleurs, la moyenne des ressources disponibles journaliers par personne aidée en 2020 est de 2,36 euros/jour soit quasiment 1 euros en moins de disponible par rapport à 2016 (3,3e/J). En 4 ans, cela représente une baisse de 30% du pouvoir d'achat.
J'ai également relevé que depuis 3 ans la moyenne d'âge des bénévoles a baissé, et l'association a constaté une tendance à l'engagement de jeunes adultes au sein du secours populaire.
Rappelons qu'il s'agit d'une association parmi tant d'autres à œuvrer contre la faim en France.
Mettre un EPR a côté d'une association qui lutte contre la précarité est curieux. Mais il faut bien regarder la dérision de ces deux mondes, des chiffres qui les entourent dans cet ensemble qui n'est qu'un.
Le 14, 21 novembre 2021
Ca gronde dans les Antilles
Encore une nuit difficile, je ne dors plus vraiment. Niveau de stress ou trop d'adrénaline, ce soir j'en tomberai assurément bien. J'arrête pas de penser aux Antilles. Je me dis que cette insularité n'est pas si éloignée de la campagne profonde de nos régions. Ils doivent mal vivre la dégringolade qui s'accélère du service public, peut être même qu'ils se pensent oublier de la métropole.
Rappelons que le CHU de Guadeloupe est en construction depuis quelques années... Alors imaginez dans ces pires années les conditions des soignants en pleine crise COVID.
Je me souviens, j'y suis allé en 2018 ou 2019, mon impression, au delà de la carte postale extraordinaire et de cet accueil super, a concerné les infrastructures. Les routes étaient régulièrement en piteuse état, les villes manquaient de souffle, un potentiel énorme mais c'est clair, il n'y a pas d'argent pour la réfection des façades, l'entretien, etc. C'est assez pauvre. N'oublions pas que les produits importés de métropole sont plus chers, vous y ajoutez l'augmentation du coût du transport et l'inflation, les antillais prennent de plein fouet la crise. Mais bon, ils ont très bons produits locaux, les avocats, les noix de coco mmmmh!
Il y a un malaise social et forcément avec un taux de chômage élevé de l'inquiétude pour l'avenir des jeunes. Il y a ces sols pollués pour des siècles par la monoculture. Cette eau potable (à demi potable car pollué) qui réclame de gros investissements pour redonner aux guadeloupéens l'essentiel, de l'eau potable...
Mais avec les milliards distribués içi et là, n'y a t il pas quelques billets pour ces paradis délabrés, parfois abandonnés (j'ai été surpris que les journalistes ne parlent pas de l'hopital?). L'austère métropole qui dote ses villes de fonds friches et autres subventions d'aides à l'aménagement du territoire...
Non, au lieu d'aller sur le terrain, de prendre les problèmes à bras le corps et d'endosser une belle popularité en vue d'élection proche... Ces messieurs préfèrent envoyer 250 soldats d'élite ( gign, raid, la crème des crèmes). Les antillais seraient ils des terroristes? Ou comment créer du désordre et faire monter les dérives violentes. Là s'arrête le centralisme de l'Etat français, la seule réponse est ;
"On va vous casser la gueule"
Voilà, c'est la réponse du gouvernement et du monarque de la 5ième république, comme pour les gilets jaunes.
A partir de là tout s'enclenche et un nouveau chapitre de l'histoire commence.
Cette manière d'intervenir, d'agir, conforte ma désaffection du système électorale, ma conviction qu'être aux commandes de l'Etat ne veut pas dire pour autant intelligent. Mais c'est aussi ma croyance dans l'intérêt d'une décentralisation du pouvoir vers les régions (oui, je suis régionaliste et depuis bel lurette, il suffit d'habiter à quelques dizaines de kilomètres de Paris pour comprendre le désintérêt de celle-ci pour ces provinces) et aujourd'hui on peut véritablement l'envisager, l'avènement d'une VIième République parlementaire, sénatoriale et régionale.
Le 24 novembre 2021
Cette nuit, encore quelques pensées m'animent pour les Antilles. Déjà, j'ai appris que dans les années 70, il y a eu un mouvement d'émigration aidé vers la métropole pour que les antillais intègrent des postes dans la fonction publique. On peut donc dire qu'une génération à disposer d'un dispositif intéressant d'aide à l'emploi. Alors je me suis posé la question suivante, est ce qu'aujourd'hui un antillais peut poursuivre ses études dans le supérieur en métropole ? Cette question me semble essentielle, dans la mesure où la population est assez pauvre, l'accès à la fonction publique est il possible, limité ou bloqué ? Avec Parcoursup la "supercherie" du ministère de l'éducation nationale aux algorithmes secrets, comment voulez vous répondre, tout ça est top secret... Avant, de mon temps, un(e) antillais(e) motivé(e) se faisait héberger chez des amis ou famille, s'inscrivait à la fac et devenait par exemple avocat, est ce qu'aujourd'hui ce parcours est tout aussi facilement réalisable ? C'est une question importante qui me semble très importante et qui conditionne l'avenir relationnel avec la jeunesse ; s'il n' y a pas de contres exemples face au pessimisme, et à l'idée du "no future", alors les tensions vont être plus nombreuses et plus virulentes.
Mais, a t on une université dans les Antilles ? Et oui, l'université des Antilles, qui contrairement à la tendance générale du regroupement universitaire, s'est divisé en 2014 avec l'autre entité guyanaise. Bon, toutefois cela m'a l'air pleins de possibilités, mais là je me perds en lecture.
Bref, on envoie à la pelle, car la fatigue est là. Est ce que la TVA sur les importations est bien reversée aux Antilles? Je devrais dire à la collectivité ? Franchement le statut et les instances décisionnels, c'est incompréhensible, un véritable imbroglio qui, si j'ai bien compris, font du préfet le personnage central. bref, c'est complexe
Bonne nuit
le 28/11/21
Un rapide coup d'oeil sur la situation aux Antilles et son évolution.
Le ministre de l'Outre Mer s'est rendu sur place, les discussions ont tourné court car le ministre voulait que l'intersyndicale dénonce les violences avant de discuter. Et dans la foulée, le ministre envoie de nouveaux renforts.
Voilà, comment on fait de la politique en France. Je pense que les conseillers politiques sont d'abord des militaires ou des policiers ou des gens qui pensent avoir une grosse bite. Je m'excuse de la grossièreté, mais cette crise est un cas d'école, dès le début il m'a été simplissime de montrer que la réponse du gouvernement était nulle, contre productive, provocante. En bref, une source supplémentaire de désordre.
Mais bon, moi citoyen je suis bête, un abruti fini, qui croit qu'une réponse politique réfléchie et mesurée peut éviter une démonstration de force absurde, qui m'est en danger les forces en présence et qui coute cher aux contribuables car cela ne fait qu'empirer les problèmes. C'est dingue, cela n'existe plus le dialogue, la réponse politique... C'est quasi systématique, l'Etat roule des mécaniques et s'insurge pour détourner le regard public et s'éloigner des vrais problèmes. Parce qu'il y a de vrais problèmes aux Antilles. Mais bon, on a tellement l'habitude de ce monologue de l'Etat, de sa stratégie sécuritaire à toutes les sauces...
D'ailleurs le Ministre qui met sur la table l'indépendance alors que celle-ci n'est absolument pas à l'ordre des revendications du collectif intersyndicale montre l'incohérence et l'erreur politique grossière... Ca m'énerve.
Bref, c'est des gros nazes. Soyons clair, le candidat Macron serait venu, il aurait sorti le chéquier pour l'eau potable, visiter le futur hôpital, apporter un délai pour les soignants non vaccinés en expliquant le pourquoi du comment que les métropolitains comprennent aussi cette exception( c'est un peu trop long mais pour résumer, problème de confiance, l'Etat a accepté la pollution des sols en sachant pertinemment que la population en serait malade, donc imposer à cette même population de lui injecter un vaccin rapidement réalisé... Ils sont méfiants, logique), bref une réponse politique à des problèmes politiques, et bien je pense qu'il aurait gagné un grand grand nombre de voix, et une sympathie durable pour un "jeune" président, ce qui n'est pas négligeable pour une réélection à courte, moyen ou long terme.
Mais bon, c'est des gros nazes, la boulette est faite, l'épine dans le pied s'infecte.
C'est une grossière erreur.
Le 30 novembre 2021